Gérard Marquès.

L'Artiste

BALADE AVEC UN PEINTRE DE L'INTERIEUR
Gérard MARQUES, peintre d'imprégnation

La peinture suit l'homme et l'homme la peinture. Elle se nourrit d'espaces, de lumière, de ce que Bazaine appelait les « racines émotionnelles». Le rappel de ces évidences n'est pas inutile lorsque l'on voyage parmi les toiles de Gérard Marquès, peintre d'atmosphère, peintre d'imprégnation.
Voilà seulement quatre années que Gérard Marquès montre ses travaux. Il n'a pourtant rien d'un néophyte. La peinture, c'est sa vie. Il entretient avec elle des relations entre réel et irréel. Elle le fascine parce qu'elle lui permet de laisser quelque chose derrière lui. Touche à touche, naissent, sur la toile, les détails d'un moment reconstitué. Le temps retrouvé.
Le bonheur de peindre, Gérard Marquès l'a rencontré, à l'âge de 15 ans, par hasard, non loin de Font?Romeu. « De retour d'une promenade, Je me suis arrêté près d'un peintre qui avait posé son chevalet en pleine nature. Il peignait un paysage avec minutie, à la manière de Gainsborough. Le lendemain, j'ai écrit à ma grand?mère pour qu'elle m'envoie un peu d'argent, afin d'acheter pinceaux et tubes de peinture. Et puis, un copain, Jean?Claude, m'a donné un coup de main. J'ai commencé à peindre sur des morceaux d'isorel ».
Plus tard, l'apprenti en bijouterie va se tourner vers un atelier de décoration aux Beaux?Arts de Toulouse. Gérard Marquès se nourrira beaucoup du spectacle des expositions, des galeries. Il prendra aussi des cours de dessin chez Monsieur Marestan, restaurateur du Musée des Augustins, Grand Prix de Rome.
Au cours de cette première époque, Gérard Marquès avoue avoir été influencé par Picasso (la période bleue, la période rose des saltimbanques, l'inspiration ingresque) ou encore par Albert Marquet et sa palette modérée. Il se définit, surtout, comme un autodidacte.

 

 

Aux croquis sur le vif, il préfère les compositions longuement mûries. Pas étonnant que les aquarelles ne soient pas son domaine de prédilection. Lorsque les images, qu'il croyait enfouies, ressurgissent, alors s'engage le dialogue avec la toile. C'est ainsi qu'il a eu envie de peindre un feu dans le quartier Saint?Michel, souvenir restitué de son enfance. Ses impressions de voyages remontent, également, à la surface : paysages marins, nature déchiffrée en gerbes de touches profondes.
Gérard Marquès se délecte dans la représentation des cieux, des grandes plaines ou encore d'un arbre hiératique. Souvent, ses toiles invitent à la quiétude, à l'écoute de bruissements. Le peintre opère sur des coussins de vibrations, respectant la loi vivante de respiration de la nature.
Comme l'idée du tableau chemine lentement, le sujet s'anime par degrés successifs. Sur la toile qu'il a fabriquée, apparaît un fond souvent orange. Après l'esquisse réalisée sur du papier, un croquis naît sur la toile. Puis, tel un sculpteur, Gérard Marquès travaille la pâte, surtout la pâte fraîche, à la prima qui permet de réussir les teintes du dessous.
Paysagiste, le peintre de Salles?sur?Garonne n'affecte guère les verts auxquels il préfère le bleu et les teintes chaudes comme la terre de Sienne brûlée ou les orangés.
On pourra le constater dans les toiles plus récentes : « La Ferme aux bleuets H, K La Grange aux coquelicots H, K Le Bouquet de végélias » ou encore cette scène de bistrot au petit matin. On retrouvera, également, le peintre intimiste dans une grande toile représentant des joueurs de cartes à la veillée.
La promenade conduit, parfois, hors du temps, dans une rue imaginaire ou dans le flamboiement de Venise ; superbe agonie pour la cité de l'Adriatique, condamnée à être engloutie. Gérard Marquès n'a pas fini de surprendre.

Henri BEULAY, journaliste à la Dépêche du Midi,
Amateur d'Art

 

Voir la galerie des peintures de Gérard MARQUES